Marion Sage

grand Tétras

 

résidence au théâtre de poche

Le point de départ :
« Jean, c’est le prénom de mon grand-père maternel né en 1932. C’est aussi le prénom d’emprunt d’un danseur allemand des années trente, Hans Weidt, s’exilant en France pour échapper au régime nazi. Il y a sept ans, j’ai trouvé des photographies de ce danseur aux archives de la danse à Leipzig et j’ai réalisé une thèse sur son parcours d’exilé politique et sur son geste critique. Il ne reste aucune photographie de mon grand-père jeune ; envoyé à la guerre d’Algérie, il en revient muet sans transmettre les horreurs commises. Militant communiste, le danseur Jean Weidt exerce son corps à travers ses différents métiers d’ouvriers ou d’agriculteurs (décharger les caisses des bateaux amarrés, travailler à l’usine, jardiner chez les gens…). Son geste dansé est travaillé par des tâches répétitives physiquement rudes. Il préfère le grand air et la vie prolétaire à l’enfermement du studio qu’il trouve trop individualiste et bourgeois. Mon grand-père Jean était paysan et mettait le cidre en tonneaux. Jean Weidt n’a pas fait de formation de danseur mais s’est formé comme jardinier. »

A partir de ces archives photographiques, Marion Sage et Anne Lepère (créatrice sonore) sont allées glaner différents témoignages, gestes issus des métiers de la terre. Grâce à tous ces matériaux, elle vont explorer le lien entre le monde végétal et l’anatomie du corps humain pour faire naitre une danse pouvant peut-être évoquer certains archétypes de la culture paysanne médiévale mais toujours de façon fantomatique, en filigrane, en voie de disparition.


Après une formation chorégraphique à l’Abbaye de Royaumont en 2015-2016, elle mène une recherche au Vivat (Armentières) dans le cadre du dispositif « Pas-à-pas » de la Drac Hauts-de-France en 2016-2017. En 2017-2018, elle obtient l’accompagnement Happynest, plateforme de soutien à l’émergence artistique, sous la direction du collectif de théâtre Superamas. Suite à l’obtention d’un Master en danse à l’Université Paris 8, elle suit la formation doctorale en Tanzwissenschaft à la Freie Universität de Berlin en 2010-2011. Parallèlement, elle performe dans différents projets de la plasticienne Lynda Amer Meziane. En 2011, elle obtient un contrat doctoral à l’Université de Lille. En 2017, elle termine sa thèse intitulée Critiques de danse et danses critiques dans la France des années 30 sous la codirection d’Anne Boissière et d’Isabelle Launay. Actuellement, elle enseigne au sein du département danse de l’Université de Lille en tant qu’ATER. Depuis 2013, elle assiste des chorégraphes sur leurs processus de création (Thibaud Le Maguer et Danya Hammoud).

période de résidence : du 22 octobre au 4 novembre 2018

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